Michaël Lonsdale avait été élu à l’Académie catholique de France dans la section Arts et lettres. Comédien iconique de la nouvelle vague, s’illustrant dans de nombreux films, il était à l’aise aussi bien dans le rôle du vice-consul de Lahore, dans le chef-d’œuvre de Marguerite Duras, India Song (1975) que dans le rôle du méchant dans le James Bond intitulé Moonraker,(1979), dans les films de Truffaut (Baisers volés [1968] et La mariée était en noir [1967]) comme dans de superproductions hollywoodiennes (Munich de Spielberg, 2005).

Une de ses apparitions les plus remarquées fut pour son rôle de frère Luc, dans Des hommes et des dieux (2010), qui relatait l’assassinat en Algérie des frères de Tibhirine.

Au théâtre, dès 1955, il a interprété les plus grands rôles et servi les plus grands auteurs, de Dürrenmatt à Ionesco, de Beckett à Duras, de Sophocle à Tchekhov, de Rilke à Pavese, de Dante à Shakespeare, faisant place au fil des années à des lectures où, seul en scène, il récitait Rilke et Péguy, Claudel et Proust.

Cette évolution ne fut pas sans rapport avec sa conversion mystique, qui alla s’amplifiant jusqu’à faire de lui ce pauvre pèlerin qui avait abandonné tout ce que le milieu du théâtre et du cinéma pouvait lui offrir : la gloire, l’argent, la mise en valeur, etc.

Sa rencontre avec le Renouveau charismatique ne fut pas étrangère à cette conversion. Au milieu des années 1980, il se rapprocha avec ferveur de la communauté de l’Emmanuel et devint rapidement un des piliers de Paray-le-Monial, participant, avec de nombreux artistes engagés, aux festivals qui s’y déroulaient. Dès lors et jusqu’à son dernier souffle, il se donna corps et âme à l’Église, ne ménageant jamais ses forces pour lire ici et là les Évangiles, les grands poètes chrétiens, aider de jeunes troupes catholiques, préfacer tel auteur, prier en communauté. Il faisait souvent des retraites et toute son activité de comédien était nourrie de cette foi qui l’animait profondément.

Peu à peu, il s’était libéré de toutes les contraintes auxquelles son métier d’acteur l’obligeait, offrant sa foi à tous ceux qu’il croisait ou qui voulaient le rencontrer.

Thérèse de Lisieux était sa sœur dans cette foi, il la vénérait particulièrement et aspirait à la veiller des nuits entières dans la basilique de Lisieux, près de sa châsse.

C’était un être de lumière et de paix, un homme rare et doux, fragile et doté cependant d’une force non seulement extérieure, à laquelle son corps pouvait faire croire, mais surtout d’une force intérieure, sans cesse éclairée d’un feu ardent qui le faisait proche de Charles de Foucauld.

Amant de cœur de Delphine Seyrig, à qui il voua un amour infini mais jamais accompli, il adopta un célibat toute sa vie qui l’avait, disait-il, rendu libre d’être totalement à Dieu.

Il  s’éteignit dans son sommeil le 21 septembre 2020 à l’âge de 89 ans. Le cardinal Barbarin lui avait donné, la veille, le sacrement des malades.

Alain Vircondelet.

Illustration : Georges Biard, Wikimedia commons.


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