28 octobre 2018.

Ce travail porte sur la question de l’indisponibilité du corps humain, très peu reprise dans les états généraux de la bioéthique de 2018 en France. Certes la non-marchandisation du corps humain y est évoquée, mais l’expression « mon corps m’appartient » (sous-entendu « j’en fais ce que je veux ») est un leitmotiv majeur aujourd’hui. Le corps humain est alors souvent considéré comme « en pièces détachées », lesquelles peuvent être données, réparées, changées, voire « augmentées dans leurs fonctionnalités ». Cette posture de « propriétaire » a de nombreuses conséquences en bioéthique.

Il s’agit ici de réfléchir à l’indisponibilité du corps humain, au-delà de la non-marchandisation, à travers la question : « nos gènes nous appartiennent-ils ? » Cette question est essentielle au moment où de nouveaux outils de modification du génome humain deviennent disponibles, comme CRISPR, et où l’on cherche aujourd’hui à breveter le vivant.

Trois approches sont proposées dans cette réflexion, en complémentarité. L’approche scientifique permet de faire le point sur « notre héritage génétique », en termes de sciences de l’évolution et d’épigénétique. L’approche juridique retrace les étapes essentielles de la manière de considérer le corps humain en droit, reprenant à cette occasion la convention d’Oviedo, qui stipule qu’on ne peut introduire de modification dans le génome de la descendance. Enfin, l’approche philosophique permet d’approfondir le concept de corps humain pour déboucher sur des éléments clefs d’une « éthique du corps » au temps des modifications génétiques.