Voilà un siècle naissait Karol Wojtyła, devenu saint Jean-Paul II. Ce pape a été important sur le plan historique et pour nombre de personnes, catholiques ou non, sur le plan le plus personnel. Il est incontestable qu’il possédait un charisme hors du commun. On ne pouvait qu’être bouleversé à son approche. Je lui suis, pour ma part, très reconnaissant d’avoir été au plus près de mon travail et d’y avoir été si attentif. En effet, lors des J.M.J. de 1997, Jean-Paul II a baptisé les catéchumènes dans la cuve baptismale que j’avais créée et réalisée et que Mgr Lustiger avait fait sortir de Notre-Dame de Paris à cette occasion. La photo du baptême d’un marin par le pape Jean-Paul II avait fait le tour du monde. Quelle ne fut ma surprise de recevoir une première lettre du cardinal Lustiger :

Lettre du 29 août 1997, à Goudji

Au lendemain des JMJ.

La puissante simplicité et la beauté de vos créations ont frappé tous les participants, et d’abord le Pape lui-même. Tout était d’une qualité esthétique et spirituelle à la hauteur de l’événement.

Cardinal Lustiger
Archevêque de Paris

Suivie d’une deuxième lettre du cardinal G.-B. Ré, substitut du Pape :

Lettre du Vatican, 8 septembre 1997, à Goudji

Le Pape m’a chargé de vous exprimer sa vive gratitude. Il a apprécié le fait que, pour des célébrations majeures comme celle du baptême de dix néophytes des cinq continents, l’on puisse disposer d’objets d’une grande dignité qui aident à rendre expressifs et clairement perceptibles les signes sacramentels essentiels, au cœur d’un rassemblement fervent de grande ampleur.

S.E. Monseigneur G.-B. Ré
Substitut du Pape

C’est alors qu’à sa demande en 1999, j’ai créé et réalisé le reliquaire du Padre Pio offert au pape Jean-Paul II à l’occasion de la béatification de Padre Pio par les frères mineurs capucins. Reçu au Vatican avec ma famille pour remettre la croix processionnelle, les chandeliers des acolytes et le reliquaire et y insérer la relique du sang des stigmates de Padre Pio, nous avons assisté, émerveillés, aux côtés d’une vingtaine de « miraculés » de Padre Pio, à la célébration de la messe, sur le parvis de Saint-Pierre de Rome, juste face à Jean-Paul II, entouré de mes seules créations pour cette béatification, un pape malade, souffrant le martyre, mais dont le regard pénétrant, infiniment bon et invaincu par la douleur, nous marqua à jamais.

Puis, à la demande de Mgr Piero Marini, maître des cérémonies pontificales, j’ai créé et réalisé le marteau d’ouverture de la Porte sainte et le rational que le pape Jean-Paul II portait sur son pluvial, créé par l’atelier Xreggio de Trévise, pour l’ouverture de la Porte sainte de Saint-Pierre de Rome le 24 décembre 1999. Encore une émotion sans pareille : c’était l’entrée dans le troisième millénaire de la chrétienté. Aujourd’hui, le marteau d’ouverture de la Porte sainte et le rational de Jean-Paul II se trouvent toujours dans le Trésor du Vatican et le pape Benoît XVI l’a porté à son tour à plusieurs reprises.

Le pape Jean-Paul II, lui, a souhaité garder le reliquaire de Padre Pio dans ses appartements privés jusqu’à sa mort. J’en ai été profondément touché, ému et bouleversé : comment ne serais-je pas inspiré à jamais par cet homme, hors du commun, qui, comme au jour de son élection en 1978, nous rappelle tous les matins, tous les soirs, cette parole de vie qu’il a su si bien incarner face au nazisme puis au communisme ?

Cette parole des Évangiles : « N’ayez pas peur. »

Goudji.

Illustration : Wikimedia.