Notre confrère Patrice Rolland est décédé accidentellement le dimanche 30 octobre dans sa maison du Jura, où il se trouvait en famille.

Né à Paris le 14 septembre 1946, il avait commencé sa carrière universitaire à l’université Paris II-Assas, où il fut d’abord assistant, puis maître assistant. C’est là qu’il a préparé sa thèse, soutenue en janvier 1976 sous la direction du professeur Prosper Weil, intitulée La liberté morale et l’ordre public. Ce sujet ambitieux contenait déjà ce qui allait être par la suite l’un des axes forts de ses préoccupations : l’articulation de l’ordre juridique avec d’autres systèmes de normes : politiques, morales, religieuses…

Reçu à l’agrégation de droit public en 1983, il fut alors nommé professeur à l’université de Rouen avant de rejoindre en 1990 celle de Paris-Est-Val-de-Marne. Parallèlement, il avait intégré le groupe de recherches Sociétés, religions et laïcité, sous la double tutelle du CNRS et de l’École pratique des hautes études.

Ses domaines de recherche frappent à la fois par leur ampleur et leur cohérence. Dans le prolongement de sa thèse, il s’est toujours intéressé au droit des libertés publiques et à leur protection. Mais surtout, il s’est très vite orienté vers l’histoire des idées politiques, qui a formé le thème principal de ses travaux tout à long de sa carrière, en particulier l’histoire du libéralisme et celle de l’idée européenne. C’est dans ce cadre qu’il en est venu à développer une réflexion approfondie sur le concept de laïcité, sur la genèse et le devenir de la loi du 9 décembre 1905, et plus généralement sur les interactions entre droit et religion. À toutes ces questions, il apporte sa très vaste culture historique et juridique, son immense capacité de travail, sa rigueur et son ouverture d’esprit.

Il avait rejoint en 2017 notre académie, où l’ampleur de son œuvre scientifique et la force de son engagement catholique nous avaient fait l’appeler. Homme de foi, homme de travail, homme de culture et de conviction, tel est le souvenir que nous gardons de lui.

Ses obsèques ont été célébrées dans l’intimité dans le Jura, où il est décédé. Une messe sera dite à sa mémoire le samedi 19 novembre prochain à 11 heures en l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, dont il était un fidèle paroissien.