Messe 2011 de l’Académie catholique de France

Frères et sœurs, chers amis,

Il y a plusieurs années, le P. de Saint-Seine confessait à l’église Saint-Ignace, rue de Sèvres à Paris. J’aimais rencontrer ce père jésuite. Après l’aveu de mes fautes suivie de l’absolution, il m’invitait à m’asseoir et disait : « Et maintenant parlons de Jésus ». Alors, sortant de sa soutane une boîte à tabac, il roulait une cigarette et après quelques bouffées, engageait la conversation sur les sujets les plus divers mais qui tous se récapitulaient en Jésus, vrai Dieu, vrai homme.

Si je vous raconte cette histoire, ce comportement peu académique, c’est que, à vous fréquenter Mesdames et Messieurs les académiciens, sans vous livrer au tabagisme, au cours des séances officielles, s’entend, par votre travail, votre engagement professionnel, intellectuel « vous parlez de Jésus » à la société contemporaine soit par une parole explicite ou en aidant vos lecteurs, vos auditeurs à franchir le porche des Béatitudes. Vous parlez de Jésus, tantôt avec pudeur, retenue et délicatesse, tantôt aussi avec force, conscience et opiniâtreté bravant parfois le consensus mou ou franchement hostile de ceux qui n’ont pas encore rencontré « le chemin, la vérité, la vie ».

Mesdames et messieurs de l’Académie catholique de France, je n’ai pas à vous discerner un quelconque satisfecit mais à vous inviter à retrouver sans cesse ce moment unique dans votre vie où la foi et la raison se sont rejointes libérant toutes les capacités de votre être tendu vers l’obtention et la transmission du « souverain bien », dans la discipline qui vous est familière.

Cher P. Philippe Capelle-Dumont, président de l’Académie catholique de France, vous avez été bien inspiré en fixant la messe annuelle de l’Académie et des sociétaires au jour où l’Église fête la conversion de saint Paul, l’apôtre des gentils.
Mesdames et Messieurs de l’Académie, par vos travaux, votre réflexion, vos réalisations, vous vous confrontez à toutes les cultures. Votre aura est internationale comme l’apôtre des gentils, vous avez à sillonner le monde. Même critiquée, la société attend votre parole dans la mesure où celle-ci est pérenne non comme une idéologie mais l’humble réponse aux innombrables pourquoi de l’existence humaine dans toutes ses composantes.

Comme il se doit, le corps académique est varié dans ses membres. Puisse chacun d’entre eux recevoir des autres ce qui est nécessaire pour parfaire sa compétence et donc le rayonnement des savoirs et de la foi.

Avec amour et quelque humour à l’égard du pénitent pardonné, le P. de Saint Seine disait : et maintenant parlons de Jésus. Cette parole est toujours actuelle, rendons grâce au Seigneur de nous avoir choisis pour servir en sa présence en reprenant l’oraison de ce jour : « Dieu qui as instruit le monde entier par la Parole de l’apôtre Paul dont nous célébrons aujourd’hui la conversion, accorde-nous d’aller vers toi en cherchant à lui ressembler, et d’être, dans le monde, les témoins de ton Évangile ».

Amen.