Mme Monique Grandjean
Biographie
Le livre est partie intégrante de ma vie et cela depuis ma prime jeunesse : le livre dans tous ses états, religieux, poétique, philosophique, historique, romanesque.
Pour moi il est à la fois nourriture, armure et passerelle vers les autres ; lien intergénérationnel par excellence.
Durant cinquante ans, je vais m'intéresser particulièrement à la littérature spiritualiste européenne du vingtième siècle que j'analyserai dans des essais.
Après des études de lettres classiques et un diplôme de bibliothécaire, en 1960, jeune épouse d’un ingénieur des Houillères du Bassin de Lorraine, où se retrouvaient une vingtaine de nationalités différentes, j’ai créé des bibliothèques pour l’entreprise et les hôpitaux ainsi que des clubs de lecture au lycée et aux centres culturels. Les thèmes choisis étaient relatifs aux problèmes de société : relations parents enfants, alcoolisme, drogue, adoption, travail des femmes…les essais, les romans, concernés par ces sujets étaient la base de discussions passionnantes.
En 1960 je suis entrée à l’association européenne François Mauriac qui regroupait des universitaires et des amis intéressés par l’œuvre de François Mauriac dans ses relations avec d’autres écrivains : Dostoïevski, Julien Green, Camus etc.…
Ce furent aussi des rencontres autour de la spiritualité contemporaine : par exemple Sylvie Germain et l’Europe centrale ; Influences espagnole russe et française dans l’œuvre de Michel del Castillo. Alors que j’étais vice-présidente entre 1975 et 1990, nous avons organisé des colloques en Italie, Angleterre, Irlande, Belgique ; en France, ce fut à Strasbourg un colloque autour de l’œuvre de François Cheng et à Paris sur l’influence de l’enfance dans la littérature.
En 1973, date de sa création, je rentre à l’association des écrivains croyants d’expression française (AECEF) : lieu de rencontre et d’échange entre les écrivains croyants dans le domaine de la Foi au Dieu Unique qu’ils soient de religion chrétienne ( catholique, protestante, orthodoxe), juive ou musulmane.
L’AECEF veut aussi assurer une diffusion plus large des livres d’inspiration religieuse ou de portée spiritualiste par des expositions, conférences, colloques, vente signature.
La dernière a rassemblé le 9 octobre 2011 dans la superbe nef du collège des Bernardins 130 écrivains, 1500 livres et 2000 lecteurs.
L’association décerne chaque année le prix des écrivains croyants à un essai et à un roman actuel susceptible d’éveiller chez l’homme d’aujourd’hui, le sens du mystère et de la transcendance. C’est un jury composé d’écrivains chrétiens, juifs et musulmans qui élit les deux lauréats ; comme secrétaire générale de l’association depuis 20 ans, je suis membre du jury et c’est un travail aussi sérieux que passionnant de lire et d’analyser six essais et six romans retenus pour leur valeur spirituelle.
Ces deux associations dont je viens de vous parler mettent particulièrement l'accent sur la langue française et s’inquiètent de l’envahissement progressif de l’anglais dans la culture européenne. Ayant eu Jacqueline de Romilly comme professeur de grec à l’université, j’ai particulièrement suivi son angoisse face à ces problèmes et dès 1983, à sa création même, je suis entrée à l’association le « SEL » : sauvegarde des études littéraires, pour laquelle 23 ans durant la célèbre académicienne s’est battue de toutes ses forces pour protéger le français, le latin et le grec.
Lire, s’instruire, méditer, être passeur de valeurs fortes me semble être naturellement le prologue à la mission des chrétiens dans la société actuelle.
C’est pour moi, un honneur et un bonheur d’être devenue sociétaire de l’Académie Catholique de France depuis 2009 ; toutes ses préoccupations et toutes ses activités répondent exactement à mes questionnements et à ma recherche.