« Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! » (Paul VI à l′ONU le 4 octobre 1965).
Réflexions d′un groupe interdisciplinaire de l′Académie catholique de France (diplomatie et géopolitique, stratégie militaire, philosophie, sciences, histoire, théologie)
Juste défense
REFLEXIONS par Monseigneur Claude DAGENS, évêque d’Angoulême, membre du corps académique, Académie catholique de France
1. Première remarque préliminaire : nous avons conscience de réfléchir à des réalités qui nous dépassent et qui sont porteuses non seulement d’une grande complexité, mais surtout d’une lourde charge d’irrationalité et même de violence.
L’Énergie nucléaire est terriblement ambivanlente : elle est à la fois source de progrès maîtrisables et cause de peurs justifiées. Mais à nous de ne pas tout mélanger, en mettant sur le même plan les centrales nucléaires et les bombes atomiques !
2. Seconde remarque préliminaire, que l’on trouve, d’une façon continue, dans la pensée du théologien Joseph RATZINGER : si la modernité scientifique et technique se caractérise par l’essor de la raison instrumentale, celle qui calcule, et qui contribue à la maîtrise et à la manipulation du monde, les calculs de cette raison instrumentale ne suffisent pas. La raison humaine, parce qu’elle est humaine, doit inclure aussi le travail de la raison morale, celle qui s’interroge sur le sens des transformations et des manipulations que l’on entreprend.
La technique, laissée à elle-même, peut devenir destructrice. Cela vaut aussi bien pour les processus financiers que pour l’énergie nucléaire. Il est donc légitime de s’interroger sur les raisons de la dissuasion nucléaire, en ce début du XXIe siècle. Je ne sais s’il faut parler de sa « délégitimation » : en tout cas, il est normal que la raison morale intervienne, en dialogue et en confrontation avec la raison scientifique et la raison politique, parce que la dissuasion nucléaire se trouve au croisement des trois.
3. Troisième remarque préliminaire : face à ces réalités et à ces questions, qui touchent à la vie politique, à la défense nationale, à la guerre et aux armements, la réflexion chrétienne a été toujours partagée.
Il faut bien reconnaître qu’il existe un contraste très grand entre la morale chrétienne appliquée à la naissance et à la mort humaine, et à la maîtrise médicale de la naissance et de la mort, d’une part, et d’autre part la morale chrétienne appliquée à la guerre et à la paix.