Notre confrère Jean-Pierre Machelon est décédé brutalement d’une hémorragie cérébrale dimanche 2 octobre 2022, à 77 ans.

Né le 13 mars 1945 à Gannat, près de Vichy, Jean-Pierre Machelon avait soutenu sa thèse en 1979 à l’université Paris II-Panthéon-Assas, sous la direction du professeur Jean Rivero, thèse qu’il publia par la suite sous le titre significatif de La République contre les libertés. Reçu au concours d’agrégation de droit public en 1979, il fut alors nommé professeur à l’université d’Auvergne, premier poste qui en quelque sorte le ramenait à ses origines, pour rejoindre huit ans plus tard l’université Paris-Descartes (Paris V). Parallèlement, il fut aussi directeur d’études à la prestigieuse École pratique des hautes études. Très ouvert sur le monde, il a enseigné dans de nombreuses universités étrangères (au Caire, à Montréal, Rome, Catane, Dresde, Vienne, Sao Paulo notamment). Spécialiste de droit constitutionnel, il s’est toujours intéressé particulièrement aux libertés publiques et aux droits fondamentaux. Chercheur infatigable, il est l’auteur de plus de 200 publications qui attestent aussi de son grand intérêt pour l’histoire, spécialement l’histoire des idées politiques.

Pendant toute sa carrière, il a expérimenté la vie universitaire dans toutes ses dimensions sans reculer devant les responsabilités collectives parfois ingrates. Il a été d’abord directeur scientifique-adjoint du département des sciences de l’homme et de la société du CNRS, puis, durant huit années, le doyen de la faculté de droit de l’université Paris-Descartes. Par la suite, il a assumé les responsabilités de directeur scientifique pour les sciences de la société au ministère de l’Enseignement supérieur. Il a également été membre du Conseil supérieur de la magistrature et enfin a présidé le Conseil scientifique des sciences sociales de la défense. Il a en particulier présidé la commission, mise en place par le président Sarkozy, de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, dont le rapport a été remis au ministre de l’Intérieur le 20 septembre 2006.

Catholique fervent et très engagé, il était chevalier de l’ordre du Saint Sépulcre et avait rejoint le corps académique de l’Académie catholique de France peu après la fondation de celle-ci, dès l’année 2010. Au sein de notre Académie, il a toujours apporté à nos débats son sens de la nuance et son souci de servir l’Église en toutes choses. Nos prières et nos amicales pensées vont aujourd’hui à son épouse, Véronique et à ses trois enfants, Pierre-Antoine, Gilles et Blandine.