Communication liminaire de Philippe Capelle-Dumont, Président
L’Académie catholique de France est heureuse de prendre à nouveau contact avec le monde médiatique de culture. Elle le fait dans un contexte d’effervescence sociale, économique, politique et religieuse qui n’échappe à personne mais qui demande encore à être correctement désigné. Une triple occasion, précisément, l’y appelle : la publication de son premier livre : « Pauvretés et urgences sociales » ; la mise en œuvre de programmations nouvelles sur le court et le moyen terme ; la mise en ligne, du site internet de l’Académie.
Avant d’aborder ces points, il peut être utile de décliner quelques-uns des motifs qui, à nos yeux, rendent opportun l’établissement d’un contact fréquent voire permanent entre une Académie catholique et la presse de « culture ». Il se trouve que l’intention première de notre institution, est d’apporter sereinement, sans arrogance, contribution à la vie civique, sous un mode précis qui concerne la production intellectuelle dans son articulation théorique et pratique avec le christianisme. La somme et la teneur de nos convictions sont ainsi portées par des résultats d’expertises autant que par des trajectoires d’expériences philosophiques et croyantes. Il s’agit de les rendre visibles et surtout audibles !
Nous savons, grâce à la « médiation » effective des médias de culture, que les sociétés démocratiques peuvent voir s’installer dans leur quotidien -avec plus ou moins de bonheur il est vrai – des considérations de distance critique vis à vis du nombre infini d’informations fragmentées voire confuses, dont les sources, de surcroît, sont de plus en plus impalpables. C’est dans une telle ligne que l’Académie catholique de France trouve des motifs nombreux et concrets de communication.
Un premier motif concerne ce qu’on peut appeler l’accès à la logique même du catholicisme dans son rapport à la vie de la cité. Je ne m’attarderai pas ici sur les clichés que pourtant la génération de nos parents, voire de nos grands-parents, avait déjà congédiés, mais qui, de fait, persistent dans les usages humoristiques ou rhétoriques de bon ou de mauvais goût et qui, s’ils amusent et parfois rafraîchissent, peuvent aussi irriter des consciences en demande minimale de respect.
A vrai dire, notre institution étant de nature académique, c’est sur un tout autre registre, quant à nous, que nous considérons comme prioritaire et possible de traiter de la question de la visibilité culturelle du christianisme en général, du catholicisme en particulier.
– On peut mentionner l’approche chrétienne des questions éthiques à partir des évolutions technologiques, dont la cohérence intellectuelle qui atteint aussi bien le « début de vie », le milieu que la « fin de vie », reste assez peu aperçue en dépit des efforts de communication auxquels plusieurs organes de presse participent courageusement.
– On peut évoquer le statut du religieux et des religions, et la contribution paradigmatique du christianisme à la promotion de l’espace civique.
– On peut rappeler la situation actuelle du catholicisme au regard de son histoire prestigieuse et de ses développements actuels
– De façon corollaire, on peut relever, malgré les efforts louables commis par nombre d’enseignants et d’agents de culture, le déficit de culture chrétienne, partant, « catholique », celle-ci étant au mieux célébrée comme un beau patrimoine, architectural et pictural, mais trop peu souvent comprise selon son énergie inspiratrice et sa créativité permanente.
Ce qui vient d’être dit porte à décliner un second motif structurel de communication qui concerne non plus seulement le discours de vérité sur le christianisme, mais les positionnements que celui-ci élabore face aux questions essentielles, parfois nouvelles qui traversent notre monde commun : le statut de l’image et la question du virtuel ; le destin de l’Europe et celui des nations ; la mondialisation ou la démondialisation, lexique auquel, je crois, il serai plus avantageux de substituer l’ exigence de « remondialiser » ; le mal être de la vie politique ainsi que l’affaiblissement de la décision politique face aux oligarchies mondiales montantes et au déplacement des souverainetés ; l’installation croissante de nouvelles formes de violence, les(dys)fonctionnements et la crise du monde judiciaire, les stratégies de prises de parole médiatiques et not the least, les pauvretés et les urgences sociales.
J’en viens ainsi naturellement à évoquer la première publication éditoriale plutôt originale de l’Académie catholique de France qui non seulement réunit des contributions analytiques, mais aussi une série de douze propositions concrètes. En vertu de sa vocation propre, qu’exprime notamment sa devise : « Non intratur un veritatem nisi per charitatem », nous avons croisé des sources d’inspirations, des diagnostics de situations et des champs d’action.
Mais cette communication a autre objet qui concerne, plus largement, les rendez-vous académiques thématiques passés, présents et à venir, et les dossiers auxquels ils donnent déjà lieu. Dans l’ « Espace presse » seront tout spécialement diffusés des « communiqués » qui interviendront dans des occasions diverses. Il faudra alors comprendre qu’ils exprimeront la parole de l’Académie catholique de France comme telle. Les premiers dossiers déjà élaborés, émanant soit des Sections disciplinaires soit des différents « Collèges régionaux » de l’Académie, indiquent surtout les manières dont les questions les plus fondamentales sont et seront traitées par notre Académie. Le site internet met également à votre disposition la liste constamment actualisée, des membres (Sociétaires individuels et institutionnels, et membres du Corps académique) de l’Académie catholique de France.
L’un des ressorts fondateurs de notre institution tient à l’exigence d’une communication qualifiée et adaptée, dans l’espace médiatique de culture. Le corps académique constituera l’instance principale à partir de laquelle, de façon ouverte et libre, des échanges réguliers pourront être organisés avec des journalistes. Ainsi, on peut espérer que peuvent être diffusés et entendus, à l’écart des slogans et des méprises, les éléments de rationalité avec lesquelles la recherche et la réflexion se déploient en christianisme et tout particulièrement en catholicisme.